La Grande Guerre : 1914-1918 ; une sélection de livres, de musiques et de sites proposée par vos bibliothécaires - Ville de Paris - page 10

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CELINE, Louis Ferdinand :
.
Gallimard.
Paru en 1932, ce premier roman restitue l'expérience du
combattant Céline. Le narrateur, Bardamu, son double à
peine voilé, se retrouve au cœur d'un conflit dont il va très
vite mesurer l'horreur et l'absurdité.
Epopée tragicomique, ce récit initiatique nous entraine dans
"la sale âme héroïque" des hommes, devient une machine
pamphlétaire, détruit nos repères. L'écriture, affranchie des
codes, fait date dans la littérature ; mélange de langage
parlé, argotique, cru, et de fulgurances poétiques, elle crie le
scandale de "ces viandes destinées au sacrifice".
CENDRARS, Blaise
:
.
Gallimard.
Il s’agit d’un récit autobiographique, intégré à des Mémoires
(1946, fin de la Seconde Guerre mondiale). L’auteur,
légionnaire pendant la guerre de 1914, évoque son expérience
et peint les portraits de ses camarades d’infortune. Il raconte
aussi bien les joies que les malheurs de son escouade.
Au-delà de l’atrocité des batailles (perte de son bras droit) et
de la hiérarchie inexistante, sa vision de la guerre montre la
pagaille : sorte de farce sur un ton tragi-comique. C’est
l’œuvre d’un écrivain pacifiste au service du collectif des
voix de ses compagnons de combat.
CHEVALLIER, Gabriel
:
.
Le Dilettante.
La Peur,
publié en 1930, fait le récit méticuleux des quatre
années passées sur les champs de bataille et dans la boue des
tranchées, par le narrateur, Jean Dartemont, double de
l’auteur. Mobilisé dans l’insouciance, le jeune soldat
découvre vite la cruelle réalité de cette guerre, qui fait des
centaines de cadavres, disloque les corps, mutile les hommes
ou les rend fous. Confronté quotidiennement à la mort, dans
une atmosphère de fin du monde permanente, la peur,
avilissante, devient alors omniprésente.
Ce livre dense, lucide, sans répit, si ce n’est celui de
quelques mois à l’hôpital pour une blessure, confronte le
lecteur aux immenses souffrances physiques et morales
vécues par des millions de jeunes soldats et démythifie
l’image du soldat héros, heureux de combattre pour sa
patrie. Et, avec le narrateur, il s’interroge : «Quel tracé de
frontières, quel honneur national peut légitimer cela ? En
quelques jours la « civilisation » a été anéantie à cause de la
faillite des chefs, dont le seul rôle important était de
l’éviter». Une lecture éprouvante mais indispensable.
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