Le choro : discographie réalisée par la médiathèque Marguerite Duras - Ville de Paris - page 2

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Vers la fin du 19e siècle, après l'abolition de l'esclavage (1888), la
population de Rio explose avec l'arrivée massive des Noirs qui quittent les
campagnes, auxquels s'ajoutent les nombreux immigrants venus d'Europe (en
particuliers italiens, allemands, espagnols). La ville devient un chaudron
musical où va naître un style populaire qui emprunte les harmonies à
l'Europe (il intègre valses, polkas, mazurkas...) et les accents rythmiques à
l'Afrique, c'est le
choro
. On peut dire que le
choro
est une manière
« brésilienne » de jouer les musiques européennes. A ses débuts, il est porté
par des compositeurs comme Ernesto Nazareth ou Chiquinha Gonzaga qui
font le pont entre musique classique et musique populaire.
Si la traduction littérale est "pleur", cette musique est pourtant loin d'être
plaintive. En fait, le terme
choro
serait le contraire de
canto
(chant) et
désignerait la forme instrumentale adoptée par ce genre musical, mais le
débat continue concernant l’origine du nom.
Joué sur les places publiques ou dans les
botequims
(gargottes), ce genre
instrumental où l'improvisation est reine s'est forgé au fil du temps. Au
début du 20e siècle, les principaux instruments étaient la flûte, le
cavaquinho (une petite guitare à 4 cordes) et la guitare mais grâce aux
apports de certains
chorões
(musiciens de
choro
) particulièrement virtuoses
et créatifs, il a connu l'ajout de nombreux instruments (piano, clarinette,
saxophone, bandolim -une mandoline- et parfois le chant) jusqu'à être joué
par des grands orchestres. Le flûtiste et saxophoniste Pixinguinha en est le
plus grand représentant.
Les années 30 verront le jazz et la samba se développer grâce notamment à
la radio. Pendant la décennie suivante, c’est surtout Jacob Do Bandolim qui
donnera un nouvel élan au
choro
avec des compositions innovantes.
Pendant les années 60, la bossa nova éclipse à nouveau le
choro
jusqu'aux
années 70 lorsque des musiciens connus, de différents styles, s'intéressent à
leur patrimoine musical et se mettent à jouer et à enregistrer les
choros
de
la grande époque. Dès le début des années 80, le travail effectué par
l'Ensemble Camerata Carioca contribue largement à la deuxième
renaissance du
choro
et montre qu'il n'est pas un genre figé mais une
manière de jouer (et d'être) et un art en constante évolution. Ces musiciens
ont ensuite connu des carrières fécondes et font rayonner le
choro
jusqu'à
nos jours.
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