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• Le pas du renard 4/5

  Après la fin de la série des enquêtes de Victor Legris, libraire et enquêteur amateurde la fin du XIXème siècle dans le Paris de la Belle Epoque, Claude Izner (nom d'auteur sous lequel se cachent 2 soeurs: Liliane Korb et Laurence Lefèvre) continue sur sa lancée, mais avec un saut dans le temps des années 20. Le Paris des Années folles n'a rien de très reluisant en cette période marquée par la plus terrible guerre que le monde ait connu : on pleure encore les morts, les mutilés se débrouillent de petits boulots, la capitale porte encore les stigmates des bombardements allemands à longue distance. Une frénésie de loisirs prend les survivants : jazz et cinéma comique. Le nouveau personnage central, Jeremy Nelson, est un jeune pianiste américain, passionné de jazz et de ragtime; débarqué de New York en France en 1921, il est orphelin de mère et recherche ses origines familiales. Il n'a d'autres éléments que ceux retrouvés dans la sacoche héritée de sa mère Doucia, une Russe expatriée à New-York aux États-Unis et qui ne lui a jamais parlé de son père, un mystérieux homme désigné comme P.K. ou Paul K. Mais la vie à Paris est chère, le travail se fait rare, se loger pose problème. Jeremy va tirer le diable par la queue dans la capitale. L'intrigue se déroule entre : - le cabaret miteux de Belleville, le Mi-Ka-Do dirigé par Madame Doxie Maxie, une ancienne héroïne de la série précédente (sous les identités de Fifi-Bas-Rhin ou encore Eudoxie Allard); - et le cinéma le Rodéo, où passent des films américains animés par la musique d'un «tapeur» Camille qui se révèle être une délicieuse jeune femme déguisée en homme. Ces deux lieux ont 2 points communs : l'amant de Madame Doxie Maxie, Robert Bradford, américain fortuné, amateur de jazz, propriétaire du cinéma le Rodéo et de parts du Mi-Ka-Do, et que l'on croit parti à Nice dans sa torpédo …. ainsi que Marie Coudray qui tient la caisse du Rodéo ainsi que le vestiaire du cabaret et avec laquelle Jeremy va nouer une relation amoureuse. Cependant, alors que Jeremy remonte la piste floue de vieilles photos (de son supposé père Paul K. mais aussi de Tasha une amie de sa mère vivant à Paris et qui avait communiqué à Doucia l'adresse de Paul K. avant son exil à New-York). et intègre comme pianiste le Mi-Ka-Do, de mystérieuses morts violentes déciment les artistes du cabaret ainsi que Monique Martin autre caissière du cinéma Le Rodéo en alternance avec Marie Coudray… Or les victimes ont toutes vécu dans le même immeuble détruit par un incendie et remplacé par...le cinéma le Rodéo! Des soupçons s'orientent vers Jeremy, notamment à cause d'un porte-bonheur en brins de laine «Nénette et Rintintin» agrémenté d'un petit fer à cheval plaqué or qu'il a trouvé sous un siège du cinéma et porte accroché à son revers ainsi que d'un peigne en ivoire gravé d'un petit cheval trouvé également dans un terrain jouxtant le cinéma. Il vient en effet de mettre les pieds dans une affaire particulièrement complexe …où il risquera de mourir à plusieurs reprises. Le parler titi parisien est imagé, inventif. Comme les deux jeunes frèress, Jacob et Sammy, qui épaulent le heros dans son enquête. On redécouvre un Paris populaire, en pleine mutation, où trône la Tour Eiffel encore mal aimée. Comme toujours chez Claude Izner, les références historiques et topographiques abondent. On retrouve des éléments récurrents : des immigrés d'origine juive, une maison à Saint-Mandé, des brocanteurs, des livres anciens. En résumé, un livre tonique et chouette, qui change des polards cafardeux! Avec un seul petit bémol: les personnages sont si nombreux que l'on se perd un peu dans le récit et que l'on a besoin de faire parfois des retours en arrière. On comprend aussi qu'il y aura une suite, quand on apprend que Jeremy part à Londres rechercher Victor Legris, ce mystérieux libraire autrefois établi rue des Saints-Pères à Paris puis à Wesminster et qui aurait connu son père. Alors vite le tome 2 publié sous le titre de "La femme au serpent" !

  ACZ - Le 30 août 2017 à 15:35